Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/86

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fils, afin de prévenir ses besoins et d'empêcher ses pleurs.

Nous vécûmes ainsi pendant plusieurs mois : j'étais sans soupçon, assez simple pour croire que ma femme était la plus sage de toute la ville. [11] Quelque temps après, j'étais arrivé de la campagne sans être attendu, et j'avais soupé en haut avec elle. L'enfant pleurait et criait : la servante le tourmentait à dessein ; Ératosthène, je l'ai su depuis, était alors dans la maison. [12] Je disais à ma femme de descendre pour allaiter son fils, et le calmer. D'abord elle refusait, sous prétexte qu'elle me revoyait avec plaisir après une longue absence. Mais comme je me fâchais, et que je la pressais de descendre ; sans doute, me dit-elle, tu veux t'amuser avec une de nos esclaves, tu lui as déjà fait violence un jour que tu étais échauffé par le vin. Je riais de son reproche ; [13] elle se lève, et en se retirant elle tire sur elle la porte, la ferme par manière de plaisanterie, et prend la clef.

Je ne pensais à rien, je ne soupçonnais rien, je dormais profondément comme quelqu'un fatigué d'un voyage. [14] Dès que le jour parut, ma femme revint et ouvrit la porte. Je lui demandai pourquoi les portes avaient fait du bruit pendant la nuit ; la lumière, dit-elle, qui était auprès de l'enfant, s'est éteinte, et on a été l'allumer chez les voisins. Je me tus à cette réponse, et m'en contentai. Il me