Page:Lysias - Oeuvres complètes de Lysias, traduites en françois, trad Auger, 1783.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bien récompensé ? Tous motifs assez ordinaires, et de nature à faire attenter à la vie d'un homme. [45] On ne dira pas non plus qu'il y ait eu entre nous aucune querelle, ni aucun démêlé dans le vin ou autrement, puisque je n'ai vu Ératosthène que la nuit même où je l'ai surpris. A quel dessein, donc, si je n'en eusse pas reçu le plus sanglant des outrages, me serais-je exposé à courir d'aussi grands risques? [46] Enfin, aurais-je appelé des témoins pour commettre un meurtre illégitime, lorsque je pouvais éloigner les témoins si j'avais eu le projet d'assassiner un homme ?

[47] Au reste, j'estime que c'est moins pour mon intérêt propre que pour celui de toute la ville, que j'ai tiré vengeance d'une injure atroce. On sera plus circonspect désormais à outrager les maris, lorsqu'on verra quelles peines sont réservées à de pareils attentats, lorsqu'on verra que vous êtes aussi animés contre les coupables que les offensés mêmes. [48] Sinon, il ne reste qu'à abolir les lois reçues, et à en établir de nouvelles pour infliger une punition aux maris qui se montrent jaloux de l'honneur de leurs épouses, et pour assurer toute impunité à quiconque entreprend de les déshonorer. [49] Ne serait-il pas plus juste d'en user ainsi, que de tendre un piège aux maris outragés, par des lois impuissantes, qui dans le droit les autorisent à se venger d'un adultère, et dans le fait les exposent à de plus grands risques que les insolents mêmes