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RIENZI.

et en dépit de sa condition, il lui sembla voir la civilisation elle-même enrôlée contre sa maison sous les drapeaux de Rienzi.

Laissant sa suite dans la cour de la citadelle, Adrien demanda à être introduit auprès de son cousin. À son départ de Rome il avait laissé Stefanello encore tout enfant ; il ne pouvait donc y avoir entre eux qu’une connaissance légère et superficielle.

Des rires bruyants vinrent frapper ses oreilles pendant qu’il suivait un des gentilshommes de Stefanello à travers les détours d’un passage qui menait à la chambre principale. La porte ouverte à deux battants, Adrien se trouva dans une salle plus que simple à laquelle on voyait qu’on avait voulu donner à la hâte une apparence de confort et d’élégance. Des tentures de prix recouvraient imparfaitement la moitié des murailles, et les riches fauteuils, les tables décorées que la civilisation croissante des cités du nord de l’Italie introduisait déjà dans les palais des nobles Italiens, faisaient un contraste étrange avec un grossier carrelage, couvert de monceaux d’armures négligemment empilés à l’entour. À l’extrémité de cet appartement, Adrien aperçut avec un frisson d’horreur, rangés dans un ordre irréprochable, un appareil d’instruments de torture.

Stefanello Colonna, avec deux autres barons, étaient étendus d’un air indolent sur des siéges, à l’entour d’une table, dans l’embrasure d’une profonde fenêtre, d’où on pouvait voir encore, borné au loin par les clochers de Rome, ce même et glorieux passage, qu’avaient gravi Annibal et Pyrrhus pour découvrir à l’horizon cette même citadelle !

Stefanello, quoique dans la première fleur de la jeunesse, portait déjà sur son visage imberbe les traces ordinaires des passions et des vices de l’âge viril le plus avancé. Ses traits étaient jetés dans le moule de ceux du