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RIENZI.

« Monseigneur serait-il indisposé ! demanda avec hésitation le jeune chambellan.

— Non, mon cher Angelo, j’ai seulement le cœur malade. Il me semble que, pour une nuit de septembre, l’air est glacial. Angelo, reprit Rienzi, déjà en proie à cette curiosité inquiète que donne une autorité incertaine ; Angelo, apporte-moi tout ce qu’il me faut pour écrire ; as-tu entendu dire quelque chose sur nos chances de succès contre Palestrina ?

— Monseigneur désire-t-il apprendre tous les bavardages des soldats, qu’ils soient agréables ou non ? répondit Villani.

— Si je ne voulais entendre que ce qui m’est agréable, Angelo, je ne serais jamais revenu à Rome.

— Eh bien alors, j’ai entendu dire à un officier allemand, d’un air qui n’est pas rassurant, que l’on n’emportera pas la place.

— Hum ! et que disaient les capitaines de ma légion romaine ?

— Monseigneur, ils disaient tout bas qu’ils redoutaient moins une défaite que la vengeance des barons, en cas de succès.

— Et c’est avec de pareils instruments que l’Europe contemporaine et la postérité mal instruite m’accuseront de n’avoir pas accompli l’œuvre idéale de la perfection ! Apporte-moi cette Bible. »

Lorsque Angelo eut apporté respectueusement à Rienzi le saint livre, il lui dit :

« Au moment même où je quittais en bas mes camarades, le bruit courait que le seigneur Adrien Colonna avait été emprisonné par son parent.

— Moi aussi je l’ai entendu dire, reprit Rienzi, et je n’en suis pas étonné. Ces barons attacheraient au gibet leurs propres enfants plutôt que de laisser rouiller, faute de proie, les chaînes de la potence ; mais je terrasserai