Page:Médicis - Lettres, tome 04, 1570-1574, 1891.djvu/337

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escript comme nous avons receu voz lettres et entendu ce qui se présente de vostre cousté, dont il a receu contentement, et ne pouvez mieulx faire que de continuer à le tenir adverty de ce que vous en apprendrez. Cependant il vous commande que, s’il survient par deçà chose que je pense sera pour troubler le repoz qui depuis l’édict de paciffication a esté si bien estably, en leur faisant entendre son intention et tout ce que vous aurez à faire là dessus, ce que, je m’asseure, vous sçaurez bien suyvre et partant je ne vous en feray une redicte, me contentant de vous prier de luy satisfaire le mieulx qu’il sera possible, et faire en sorte que toutes choses soyent contenues en l’étendue de vostre gouvernement et remettre soubz son obéissance, ainsi que le bien de son service le requiert.



Catherine de Médicis. — iv.

1572. — 28 août.

Aut. Arch. nat. collect. Simancas, K 1530, n° ai. A M" MON FILS LE ROY CATOLIQUE.

Monsieur mon fils, je ne foys neule doucle que ne ressentiés comme nous mesmes le heur que Dieu nous ha fayst de donner le moyen au Roy monsieur mon fils de set défayre de ses sugès rebelles à Dieu et à lui, et qu’il lui aye pieu luy fayre la grâce de le préserver et nous tous de la créaulté de leurs mayns, de quoy nous aseurons que en leourés Dieu avecques nous, tant pour nostre particulier corne pour le bien qui en reviendré à toute la crétienté et au service et honneur et gloyre de Dieu, ynsin qu’espéron que bien tost cet conestra et en sentira-t’on le fruit ; et randons par cet ayfect le témognage de nos bonnes et droyctes yntentions, car ne les avons jeamès eu autre que tendent à son honneur, et m’en réjoui encore d’aventage de penser que cete aucasion confirmeré etaugmenteré l’amytié entre Vostre Majesté et le Roy son frère, qui est la chause de cet monde que je désire le plus, et l’aseure


    jusques icy parmy mes subjectz depuis l’édict de pacification, s’il n’y estoyt remédié, ainsi que de vostre part je m’en asseure en l’estendue de vostre charge, en attendant mon frère le roy de Navarre ou mon cousin le maréchal de Savoye*[• M. le marquis de Villars.] qui ne pourront estre si tost par de là, donner ordre à la seuretté de la ville de Bayonne et que en icelle il ne s’eslève aucune esmotion entre les habitans ny se commette aucuns massacres entre eulx, ainsy qu’il est à craindre sur ceste nouvelle, et combien qu’il n’y ayt rien en ce faict de rupture de l’édict de pacifisation, néantmoyns il est à craindre que aucuns, se servans de ce prétexte, ne veullent exécutter leurs vengeances, de quoy j’auroys un incroyable regret, vous priant à ceste cause faire publyer et entendre par tous les lieux et endroictz de vostre charge que chascun ayt à demeurer en repos et seureté en ceste province sans prendre les armes, ny offenser l’un l’autre, sous peine de là vye, et faisant bien expressément observer nostre édict de paciffication, et s’il y a aucuns contrevenants à mes lettres, les faire pugnir par justice et à cest efl’ect, sy besoing est, pour leur courir sus, assembler le plus de forces que vous pourrez. i (Minute. Bibl. nat., fonds français, n° 1 5555, p. 40.) C’est ici que nous placerons le mémoire daté du a5 août et remis par le Roi au sieur de Schomberg, dépéché de nouveau par lui vers des princes de la Germanie pour leur faire entendre les causes de la mort de l’amiral : « Le Roy déclare que, ayant appris que ledict amiral et ses adhérens avoient résolu de se venger et attenter contre Sa Majesté, la Royne sa mère et Messeigneurs ses frères, il consentit que MM. de la maison de Guise, le vingt quatriesme jour dudict mois d’aoust, tuassent ledict. amiral et autres de sa faction qui avoient conspiré et conjuré pareil dessein, comme aussy pour et à l’occasion de ce que l’on a trouvé dans le Louvre les sieurs de Piles et Manneuil de ladicte faction la nuit auparavant ladicte exécution, qui avoient quelque dessein sur Sa Majesté, dont néanmoins elle est fasebée, et a résolu à ceste cause en donner advis à Messieurs le comte Palatin, duc Auguste de Saxe, landgrave de Hesse, duc de Wirtemberg, duc Casimir et autres princes, ausquels ledict de Schomberg dira qu’il ne s’agit icy ny du faict de la religion ny de la rupture de l’édict de pacification, et demande toujours leur bonne amitié et affection. » (Copie. Bibl. nat., fonds français, n° 2805, p. 37.)