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NOMS INDIENS DU PÉRIPLE DE LA MER ÉRYTHRÉE

La transcription de i est plus flottante. À côté de ι représentant ĭ dans Σίνθος, Κιρρᾶδαι, ī dans Μάϊς, σάκχαρι, (et Προκλαίς), on trouve ε dans καλλεανός (à côté de Καλλίενα) où d’ailleurs l’opposition de ε et α marque suffisamment en somme la différence des timbres à noter, et même ει dans εἰρινόν et peut-être κομαρεί ; le η de Ὀζήνη, étant final, surprend moins.

U est représenté par υ et ο, sans qu’on puisse discerner de raison de choix : d’une part Βαρύγαζα, Συραστρηνή, Σήμυλλα ; de l’autre Ὀζήνη, Σίνθος, Κομαρεί, (Προκλαίς ?). Le fait que υ ne sert pas ailleurs à noter i semble prouver que dans le mot κότυμβα, où il s’agit d’un i, comme en témoignent et la glose de Hemacandra et, moins clairement, les formes modernes, nous avons la trace d’une labialisation de l’ι intérieur sous l’influence des consonnes voisines.

Il est difficile de décider si ου représente ū dans Σούππαρα : dans ce cas l’auteur du Périple aurait entendu une forme du type de pâli Suppāraka, skr. Surpāraka Çūrpāraka Supāraka (traduit par les Chinois et les Tibétains comme composé de su + pāra ; voir S. Lévi, B.E.F.E.-O., 1904, p. 31) ; si ou représente o, ce qui est également possible, quoique moins probable, il s’agit d’une forme du type Sopārakā, constant en prākrit épigraphique.

Lorsque o est sûr, c’est par ο qu’il est représenté dans le Périple ; ex. κότυμβα. De même e est rendu par η ; : Σήμυλλα, Ὀσήνη. Dans Παίθανα, αι transcrit exactement le groupe récent du pkr. Paiṭṭhāṇa.

Les deux derniers exemples concordent avec ce que nous savons par ailleurs de l’histoire des diphtongues en prākrit, et il n’y a pas lieu d’y insister davantage. Il est plus important de noter que d’une manière générale les voyelles anciennes subsistent à l’époque du Périple, quelle que soit leur place dans le mot. Le seul exemple contraire serait Προκλαίς, que le sens oblige d’identifier avec Puṣkalāvatī ; mais la forme en est trop irrégulière — le groupe pr initial qui ne correspond à rien suffirait à nous avertir — pour qu’on puisse en tenir compte.