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MÉMOIRES


ſoient à moi très fondées ; cependant je craignois qu’elles ne paruſſent point auſſi ſolides aux yeux des autres.

Déſeſpérée de n’en point trouver d’autres, mon parti étoit pris : je devois m’en ſervir, j’étois même bien décidée, dans le cas où elles n’opéreroient pas l’effet que je deſirois, de me conduire ſi mal, qu’on ſeroit à la fin obligé de me renvoyer. Pleine de ces idées, je me mis au lit.

J’étois à peine couchée que j’entendis le tonnerre gronder d’une maniere épouvantable. L’orage étoit ſi furieux, le temps était ſi noir, les éclairs, qui ſe ſuccédoient rapidement, étoient ſi brillans, que ma chambre paroiſſoit tout en feu. Les coups de tonnerre que répétoient les échos d’alentour qui les rendoient plus terribles, donnoient de telles ſecouſſes à la maiſon, qu’il ſembloit qu’elle alloit s’écrouler.

La peur que j’avois d’être écraſée par la foudre me rendoit immobile. N’ayant pas mê-