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PARTIE MATHÉMATIQUES.

éprouve, à mesure qu’elle s’étend ; sur les dimensions qu’elle prend par l’action continuée de la cause qui l’a produite ; sur les changemens qu’elle éprouve, quand elle passe d’une mer profonde à des endroits où le fond se rapproche de la surface ; sur les phénomènes que présentent les vagues à la rencontre des rivages, suivant qu’ils leur opposent des plans verticaux, ou plus ou moins inclinés, etc., n’offrent pas moins d’intérêt, et paraissent propres à fournir des matériaux précieux à un ouvrage plus complet que n’a pu l’être celui de M. Brémontier, à une époque où l’on manquait des secours qu’offre maintenant la mécanique rationnelle à celui qui entreprendrait aujourd’hui le même travail.

Quelques-unes de ces observations conduiraient immédiatement à une conséquence qui paraît contraire aux résultats de la théorie. Telle est celle de la grande profondeur à laquelle paraît s’étendre l’agitation de la mer. Les faits que l’auteur cite à l’appui de son opinion semblent tellement concluans, qu’il faudrait peut-être, avant de la rejeter, chercher s’il n’y a pas quelque moyen de la concilier avec la théorie mathématique, où l’on fait abstraction de plusieurs circonstances qui peuvent influer sur cette profondeur.

Les explications que donne M. Brémontier des phénomènes constatés par l’expérience, sont claires, exactes, et elles étaient alors bien moins faciles à trouver qu’elles ne le seraient aujourd’hui. Celle de la barre ou mascaret dans les fleuves a paru la seule qui laissât quelque chose à désirer, au moins du côté de la clarté.

À l’égard des applications que M. Brémontier fait de sa théorie à la pratique des constructions hydrauliques à la mer, il serait difficile d’en juger sans le secours d’expériences faites en grand, vu la multiplicité des causes encore peu connues ; mais ces applications sont appuyées sur un si grand nombre de faits et de considérations théoriques indubitables, que l’on doit vivement