Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/148

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nent une double donnée pour leur isolement comme famille, ne sont cependant point dans une dépendance réciproquement nécessaire. Il y a mieux ; cette indépendance comme tenant à l’essence des choses, est même plus manifeste dans le crocodile, chez lequel on voit d’une part l’oreille, appelée plus qu’ailleurs à s’isoler, à la région supérieure et vers la fin de l’arrière-crâne ; et d’autre part le museau, qui réunit les organes du goût et de l’odorat et qui est ainsi disposé à former un bec, n’être fixé que par un étroit pédicule aux autres parties de la face.

Cependant si l’esprit a décidément saisi qu’il n’est là qu’une simple relation de continuité, comme cela se voit dans la seule convenance des anneaux d’une même chaîne, il a déja aperçu qu’une construction plus simple pourrait faire partie des combinaisons infiniment variées des productions de la nature. Et en effet le problème le plus difficile n’est-il pas déja résolu chez le même être au moyen de deux combinaisons également extraordinaires ? Descendre de là à la prévision, que l’une sans l’autre se trouvera à plus forte raison, se présente tout naturellement à l’esprit. Voilà ce qui est effectivement réalisé et ce qui l’est de deux manières différentes. Car ou bien le canal nasal et le palais sont agrandis démesurement en longueur, quand le système auriculaire est retenu dans ses dimensions ordinaires ; et je puis citer comme un exemple de ce cas le tamanoir, myrmecophaga jubata ; ou au contraire, c’est le système auriculaire qui acquiert un volume considérable, tout en s’accommodant des dimensions moyennes du palais et du canal cranio-respiratoire. Cette dernière combinaison remarquable dans les êtres téléosauriens devient des éléments caractéristiques pour une nouvelle famille : des éléments d’une puissance et d’une valeur