Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/157

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variable des fluides dont ils sont formés, ce que décide à leur égard la nature du milieu respiratoire.

Toutefois des faits où je désire répandre une vive lumière, et surtout de ceux que j’ai recueillis à Caen, je n’entends pas conclure qu’il n’existe nulle part de vrais crocodiles fossiles. Je m’en tiens à cette proposition les grands sauriens de Caen, qu’on trouve dans le calcaire marin de la formation jurassique, different, zoologiquement parlant, du type crocodile. Intermédiaires entre les ichtyosaures et les crocodiles, ils ont commencé d’être, lorsque allaient disparaître les ichtyosaures on les trouve encore mêlés dans le même terrain. Or c’est ce qui n’est pas quant aux crocodiles ; car pour retrouver de ces animaux à l’état fossile, il faut les aller observer dans des terrains de troisième formation ; là où se rencontrent ces genres, parmi lesquels une partie des espèces sont aujourd’hui vivantes et quelques autres entièrement perdues.; tels sont les éléphants, les rhinocéros et tant d’autres animaux, dont quelques-uns n’existent plus, quand des espèces du même genre ont pu toutefois, en se modifiant faiblement, accepter des conditions jusque-là différentes pour elles de notre actuel monde ambiant.

Ainsi ce sont de vrais crocodiles dans l’état fossile que les grands sauriens que l’on a trouvés dans les plâtrières de Montmartre, dans l’argile plastique d’Auteuil, dans la craie de Meudon, dans les marnières d’Argenton, dans le gravier de Castelnaudary, dans les lignites de la Provence, au Mans et à Brent-fort. Leur forme les rapproche des crocodiles à court museau ou des calibans. Mais quant à nos crocodiliens fossiles qui se distinguent par un bec effilé, comme est le long museau des gavials, ils sont d’une famille plus reculée