Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

éloignés avec les crocodiliens, dont on peut dire que la respiration fût demeurée insuffisante, malgré de grands sacs pulmonaires[1], sans le secours d’un autre appareil complétif.

  1. Cette phrase où je voulais de la concision, a paru obscure, faute d’avoir été étendue à une complète explication : j’y vais pourvoir.

    Ce qui chez la plupart des reptiles existe sous la forme de longs sacs dits pulmonaires, et que l’usage, se fondant sur une analogie entendue d’une certaine façon, a décidément fait nommer poumons, pourrait être, en invoquant l’analogie embrassée sous un autre point de vue, tout aussi bien appelé une vaste trachée. Et en effet le sac membraneux qui chez ces animaux est logé dans la poitrine et qui n’offre qu’une petite partie de ses parois intérieures en surface sanguine, ne diffère guère d’une cellule trachéenne que par son volume porté au plus haut point du développement. Or c’est un même appareil, analogiquement parlant, que l’on trouve répandu dans l’abdomen chez les deux plus excentriques des familles de reptiles, celles qui ont l’os tympanique fixé au crâne, les tortues et les crocodiles. De jeunes naturalistes, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et Joseph Martin de Saint-Ange, nous ont procuré la connaissance de ce second appareil par la découverte fort importante qu’ils ont faite de deux canaux chez ces tortues et ces crocodiles. Ces canaux commencent à la marge de l’anus et amènent les fluides ambiants, l’air ou l’eau, sur les irradiations sanguines qui tapissent le péritoine. Ainsi des cellules respiratoires ou des trachées, placées à la périphérie du corps, sont comme apparition et développement un premier fait de construction animale : de telles cellules, gagnant plus profondément de la circonférence au centre, sont le fait immédiatement subséquent ; et enfin des poches sanguines deviennent un troisième et dernier effort de la nature pour doter les animaux des facultés respiratoires, quand ces poches arrivent à se localiser, s’individualiser et recevoir sur un point concentré du concours de plusieurs appareils subordonnés plus d’énergie et de puissance.

    Cependant il restait à descendre de ces hautes considérations sur une circonstance particulière et vraiment très-remarquable : les jeunes natura-