Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/180

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arbres fruitiers d’un verger forme une masse d’êtres organisés, appelés à donner des produits parfaitement identiques ; mais cette aptitude est toutefois contrariée par les influences variables du monde extérieur, de telle sorte que des mêmes poiriers, par exemple, l’on retire tantôt des fruits très-sucrés, gros et sans tache, et tantôt des poires aigres, petites et pierreuses. L’on ne manque point d’attribuer la cause de ces différences aux alternatives du cours variable des saisons ; et l’on y est fondé, bien qu’il soit regrettable que l’on se contente d’une explication aussi vague et par trop générale.

Il suffit de cet exemple, non pas seulement pour donner une idée de ce qu’est le monde ambiant sous le rapport de sa capacité de résistance, mais pour montrer de plus dans quelles sources multipliées d’influences secondaires, il puise un principe à opposer aux influences primitives de l’essence de chaque type. Ce pouvoir distinct de réactions et de modifications qui, sans dépasser une mesure quelconque, est toutefois susceptible de porter le trouble dans un germe opérant sa formation, et d’en contrarier le développement pendant la vie embryonnaire, le moment est enfin venu d’en constater l’existence, et de mettre en évidence qu’il est deux sortes de faits différentiels à étudier dans l’organisation, 1o ceux qui appartiennent à l’essence des germes, et 2o ceux qui proviennent de l’intervention du monde extérieur.

Ainsi sont, pour les corps naturels en développement, deux principes dans une lutte perpétuelle ; et c’est sans doute ce que comprenait et ce que voulait exprimer le célèbre philosophe Leibnitz, quand il définissait l’univers l’unité dans la variété. Mais ce n’est pas tout à coup que