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des êtres de la monstruosité. Il semble que la nature ait créé cette classe d’êtres ébauchés, afin de tenir soulevés pour quelques moments à notre profit les voiles qu’elle a répandus sur le ressort et les actes de la vie organique. Et en effet nous savons ce que les monstres contiennent de trop, ou de moins, ou de mal établi, en les comparant avec la souche d’où ils proviennent ; il fallait tel ensemble pour satisfaire au nisus formativus, à la tendance ou à la loi accomplie de leur formation, et il est venu tout autre chose. Il est évident que nous avons ainsi sous les yeux (la première cause de monstruosité se présentant comme l’objet d’une ordonnée générale), plusieurs éléments de proche en proche modificateurs les uns par rapport aux autres. Alors et par conséquent, combien notre principe de l’étude philosophique des cas différentiels ne trouve-t-il point là d’application !

Article VII.
Des transformations par la monstruosité.

Aussi bien que dans le cas cité plus haut de la transformation du têtard en grenouille, il n’est qu’un moment à saisir dans la série des développements, pour en faire une étude fructueuse. J’en ai déja fait la remarque dans d’anciens écrits, quand j’ai rappelé les débats célèbres et définitivement stériles, qui captivèrent l’attention du monde savant de 1724 à 1745. Lemery, dominé par les plus heureuses inspirations sur les causes de la monstruosité, avait proposé une théorie que les anatomies de Winslow combattirent avec succès. Toute lésion organique suivie d’une monstruosité affecte ordinairement le fœtus vers le deuxième ou le troisième mois ; et bientôt après,