Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/293

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Mais enfin, ce qui n’a encore été acquis que d’instinct et sur le témoignage de trop peu de données, ne put manquer à son heure et moment venus d’être revu et développé, ou par de secondes études, ou par de nouvelles expériences. Or, ces soins sont encore à prendre pour les prétendues dents incisives des rongeurs.

Je ne me dissimule pas combien il est regrettable que cette révision soit faite aussi tardivement ; il y a danger d’une perturbation dans les habitudes prises : c’est tout un ordre anciennement établi qu’il faut réformer, c’est l’autorité de décisions inscrites dans tous les livres de la science qu’il faut infirmer ; mais si la vérité des faits philosophiques l’exige, ce devient inévitable. L’erreur une fois reconnue doit disparaître, quelque invétéré que soit le préjugé qui y aurait donné sujet.

§ Ier.
Anciennes déterminations à revoir.

Cependant voyons comme on a procédé. Des trois sortes de dents de l’homme, l’une manque aux rongeurs. Si au début des travaux zoologiques l’on n’osa encore se confier à des recherches d’analyse, aux inductions de l’anatomie comparative, du moins cette question aurait du être posée : Laquelle des trois dents manque chez les rongeurs ? Cela ne vint’à l’esprit de personne. On se crut sur un fait évident de sa nature, et l’on se détermina tout d’abord, pour n’avoir pas même imagine de se défier de cet entrainement instinctif, de ces effets d’esprit, où la sensation et le jugement sont instantanés, et paraissent le produit d’une seule et même opération. Bien que placé en dehors de faits non suffisamment étudiés, dans la question