Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/42

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n’étaient pas non plus des vérités du premier ordre, et luimême ne les plaçait pas au même rang. Il ne les a fait entrer que dans un ouvrage où son imagination s’est portée sur bien d’autres matières, et d’une nature bien plus élevée, ses Consolations en voyage[1], le dernier écrit qui l’ait occupé, et celui auquel il travaillait pour se distraire dans sa dernière maladie.

Les progrès de l’espèce humaine, le sort qui lui est réservé, celui qui attend chacun de nous, la destination de milliers de globes, dont à peine quelques astronomes aperçoivent une petite partie, y sont le sujet de dialogues où le poète ne brille pas moins que le philosophe, et où, parmi des fictions variées, une grande force de raisonnement s’applique aux questions les plus sérieuses : on aurait dit qu’une fois sorti de son laboratoire il retrouvait ces douces rêveries, ces pensées sublimes qui avaient enchanté sa jeunesse ; c’était en quelque sorte l’ouvrage de Platon mourant.

C’est ainsi que, pendant une maladie précédente, il s’était amusé à expliquer, dans une autre suite de dialogues (son Salmonia)[2], tout ce que son expérience de pêcheur lui avait appris sur l’histoire naturelle des saumons et des truites ; il y a consigné beaucoup d’observations curieuses qui en feront toujours un livre important pour l’ichthyologie.

Cependant, nous devons l’avouer, quelque ingénieux que soient ces écrits, les sciences auront à regretter qu’un génie

  1. Consolations in travel, or the last days of a philosopher, in-8o. London, 1830.
  2. Salmonia, or days of fly-fishing, in a series of conversations, in-12o. Lond. 1823.