Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/467

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brusquement, il y a dégagement d’électricité et de lumière. C’est surtout en pressant la moelle de sureau sur une facette de diamant parfaitement polie et privée d’eau hygrométrique, que l’on aperçoit distinctement ce phénomène, qui se produit également quand on clive rapidement une substance minérale régulièrement cristallisée, conduisant imparfaitement l’électricité. L’effet est d’autant plus marqué, que l’on a élevé davantage préalablement la température. Le spath d’Islande, la chaux sulfatée, la baryte sulfatée, la topaze, le mica, le feldspath adulaire et autres minéraux jouissent de cette propriété.

Cet exposé était indispensable avant de présenter les causes probables des phénomènes de phosphorescence. La phosphorescence se reproduit dans les mêmes circonstances qui dérangent l’équilibre des forces électriques ; c’est un motif pour la considérer comme le résultat du rétablissement d’équilibre de ces forces, qui est souvent accompagné de lumière. Dans le siècle dernier, on s’est beaucoup occupé de la phosphorescence ; les recueils de mémoires des sociétés savantes sont remplis de résultats curieux qui s’y rapportent. Le phénomène, par sa singularité, avait tellement frappé les physiciens que tous en cherchèrent la cause ; mais ils découvrirent seulement cette vérité importante, que la phosphorescence était une propriété qui appartenait à peu près à tous les corps.

Pendant un demi-siècle, le sulfure de baryte était le seul corps connu qui luisait dans l’obscurité. En 1675, Baldouin découvrit que le nitrate de chaux, privé d’eau, acquérait la propriété de luire dans l’obscurité, et qu’il la perdait à l’air. Homberg reconnut des propriétés semblables dans le chlo-