Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/591

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vivantes et ayant la propriété de se contracter, elles éprouvaient ces changements dans les diverses circonstances que nous avons notées.

À cet égard, nous rapporterons quelques expériences que nous avons eu occasion de faire pendant notre première campagne de Pologne. Nous avions remarqué que les moutons appartenant à l’administration de l’armée, qu’on laissait paître dans les marais au commencement du printemps, maigrissaient sensiblement et prenaient du ventre, qu’enfin ils périssaient. Curieux de savoir quelle était la cause de cette mort, nous en fîmes ouvrir plusieurs sous nos yeux, et nous visitâmes aussi les boucheries de l’armée, pour voir ceux qui n’avaient pas encore donné de signes de maladie.

Chez tous ceux qui avaient été dans ces pâturages, on trouvait des hydatides plus ou moins volumineuses, unies au mésentère et aux intestins ; nous en détachâmes plusieurs, et à différentes époques, du ventre des moutons que l’on venait de tuer. Nous enlevâmes avec soin leur enveloppe extérieure (ce qui est assez difficile, parce qu’on est exposé à crever la tunique propre de l’animalcule ; il faut, pour éviter cet inconvénient, avoir une grande habitude de disséquer). Nous possédâmes ensuite l’hydatide dans son isolement parfait. Sa tunique, remplie d’une liqueur transparente, albumineuse, vue à une grosse loupe, était parsemée de petites fibres motrices, très-déliées, contournant le corps du ver vésiculaire, que nous croyons être un cysticerque. La tête, supportée par un cou plissé, plus ou moins grêle, selon la grosseur de l’hydatide, se présentait sous la forme d’un tubercule arrondi. Ces animalcules, ainsi isolés et plongés dans l’eau tiède, se conservaient vivants des heures entières. On