Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/88

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par hasard, on déchargea au loin une machine électrique. Les muscles, quoiqu’ils n’eussent pas été frappés par l’étincelle, éprouvèrent, au moment de sa sortie, de vives contractions. L’expérience renouvelée réussit également bien. avec toute espèce d’animaux, avec l’électricité artificielle ou naturelle, positive ou négative.

Ce phénomène était très-simple. S’il se fût offert à quelque physicien habile, familiarisé avec les propriétés du fluide électrique, il eût à peine excité son attention. L’extrême sensibilité de la grenouille, considérée comme électroscope, aurait été l’objet de remarques plus ou moins étendues ; mais, sans aucun doute, on se serait arrêté là. Heureusement, et par une bien rare exception, le défaut de lumières devint profitable. Galvani, très-savant anatomiste, était peu au fait de l’électricité. Les mouvements musculaires qu’il avait observés, lui paraissant inexplicables, il se crut transporté dans un nouveau monde. Il s’attacha donc à varier ses expériences de mille manières. C’est ainsi qu’il découvrit un fait vraiment étrange, ce fait, que les membres d’une grenouille décapitée même depuis fort long-temps, éprouvent des contractions très-intenses sans l’intervention d’aucune électricité étrangère, quand on interpose une lame métallique, ou, mieux encore, deux lames de métaux dissemblables entre un muscle et un nerf. L’étonnement du professeur de Bologne fut alors parfaitement légitime, et l’Europe entière s’y associa.

Une expérience dans laquelle des jambes, des cuisses, des troncs d’animaux dépecés depuis plusieurs heures, éprouvent les plus fortes convulsions, s’élancent au loin, paraissent enfin revenir à la vie, ne pouvait pas rester long-temps isolée. En l’analysant dans tous ses détails, Galvani crut y trouver