Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/92

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pour leur réussite, cette double condition : hétérogénéité aussi grande que possible entre les organes de l’animal amenés au contact ; interposition entre ces mêmes organes d’une troisième substance. Le principe fondamental de la théorie voltaïque, loin d’être ébranlé, acquérait ainsi une plus grande généralité. Les métaux ne formaient plus une classe à part. L’analogie conduisait à admettre que deux substances dissemblables, quelle qu’en fût la nature, donnaient lieu, par leur simple attouchement, à un développement d’électricité.

À partir de cette époque, les attaques des galvanistes n’eurent rien de sérieux. Leurs expériences ne se restreignirent plus aux très-petits animaux. Ils engendrèrent dans les naseaux, dans la langue, dans les yeux d’un bœuf tué depuis long-temps, d’étranges mouvements nerveux, fortifiant ainsi plus ou moins les espérances de ceux auxquels le galvanisme était apparu comme un moyen de ressusciter les morts. Quant à la théorie, ils n’apportaient aucune nouvelle lumière. En empruntant des arguments, non à la nature, mais à la grandeur des effets, les adeptes de l’école bolonaise ressemblaient fort à ce physicien qui, pour prouver que l’atmosphère n’est pas la cause de l’ascension du mercure dans le baromètre, imagina de substituer un large cylindre au tube étroit de cet instrument, et présentait ensuite comme une difficulté formidable, le nombre exact de quintaux de liquide soulevés.

Volta avait frappé à mort l’électricité animale. Ses conceptions s’étaient constamment adaptées aux expériences, mal comprises, à l’aide desquelles on espérait les saper. Cependant elle n’avait pas, disons plus, elle ne pouvait pas avoir encore l’entier assentiment des physiciens sans