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ÉLOGE HISTORIQUE

avec la science. C’est cet ensemble d’idées nouvelles qu’il s’agissait de disposer pour un ouvrage élémentaire ; et, à l’époque où parut celui de M. Chaptal, Lavoisier et Fourcroy avaient, seuls encore, tenté une pareille entreprise[1].

L’ouvrage de Lavoisier se distingue par un caractère qui ne pouvait appartenir qu’à lui ; c’est qu’il a été écrit par le même homme qui avait créé la science. À la facilité avec laquelle l’auteur y semble déduire et faire naître en quelque sorte les faits de la théorie, on reconnaît aisément le génie supérieur qui, par une marche inverse, venait de faire sortir, des faits, la théorie. Et si, d’une part, on ne vit jamais mieux que par cet exemple, comment la lumière se répand d’un fait principal, base d’une théorie, sur tous les faits de détail qui se groupent et se subordonnent autour de lui ; d’autre part, on ne vit jamais mieux non plus que par cet exemple encore, que toute théorie, lorsqu’elle est vraie, n’est que l’expression heureuse des faits.

Des avantages d’un autre genre se font remarquer dans l’ouvrage de Fourcroy. Ses éditions successives lient entre elles les deux époques de la science. On y voit la nouvelle chimie naître, se développer, prendre définitivement la place de l’ancienne ; et ce passage d’une doctrine à une autre, et cette lutte entre des principes qui se succèdent, retracés dans

  1. La 1re édition de l’ouvrage de Lavoisier est de 1789 ; la 3e de celui de Fourcroy (la première où la nouvelle chimie se montre définitivement substituée à l’ancienne) est de 1789 aussi ; la 1re édition de celui de M. Chaptal est de 1790.