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ÉLOGE HISTORIQUE

ainsi tous les arts chimiques à leur théorie, c’est-à-dire à la science qui seule donne la théorie, ou qui, à parler plus strictement encore, est cette théorie même, ces ouvrages parurent de 1807 à 1808.

En 1810, Napoléon crée un Conseil supérieur des manufactures et du commerce ; et M. Chaptal est aussitôt nommé membre de ce Conseil. On était à l’une des époques, tout à la fois les plus remarquables pour l’industrie nationale, et les plus critiques pour le commerce français.

D’un côté, l’Angleterre régnait sur les mers ; de l’autre, Napoléon dominait sur le continent. Alors s’établit le système continental, et, pour la France, le problème fut de tirer de son propre sol, à force de génie et d’industrie, tous ces mêmes produits qu’elle tirait auparavant de ses colonies.

On essaya d’extraire l’indigo du pastel ; on vit se développer l’art nouveau d’extraire le sucre de la betterave. Jamais les efforts de l’industrie française n’avaient eu des résultats plus vastes, et, dont l’influence sur l’Europe, sur le monde, fût plus profonde ; et c’est M. Chaptal qui a été l’âme de ces efforts.

Son nom s’associe encore aux derniers événements de l’Empire. En 1814, lorsque cet Empire tombe, il est envoyé à Lyon, en qualité de Commissaire extraordinaire. Lorsqu’en 1815, l’Empire se relève pour un moment, il est nommé Directeur général de l’Agriculture, du commerce et de l’industrie.

Oublié par le pouvoir, pendant les premières années de la Restauration, il consacre ce temps à produire son grand ouvrage sur l’Industrie française, l’œuvre la plus éminemment nationale qui fût encore sortie de ses mains, et le plus beau monument qu’il ait laissé de son ministère.