Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 2.djvu/50

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et malgré les défauts nombreux de cette traduction, on y voyait clairement que les Arabes, imitateurs trop scrupuleux des Grecs, en avaient conservé les théories générales ; qu’ils avaient seulement un peu perfectionné les instrumens, mieux déterminé l’obliquité de l’écliptique, l’excentricité du soleil, son mouvement moyen et la précession des équinoxes. Mais l’introduction des sinus au lieu des cordes avait changé la face de la trigonométrie, et par conséquent tous les calculs astronomiques. Ce premier pas était d’une grande importance : on a cru long-temps que les Arabes n’avaient pas été plus loin, et que les progrès ultérieurs étaient dus aux astronomes européens du seizième siècle. La traduction de quelques chapitres d’Ebn Jounis, par M. Caussin, nous a fait connaître des observations d’éclipses et des conjonctions de planètes du plus grand intérêt pour la détermination des moyens mouvemens : la traduction des dix-neuf autres chapitres du manuscrit de Leyde, par M. Sédillot, et celle de vingt-huit chapitres inconnus qu’il a retrouvés dans un ouvrage d’Ebn Shatir, nous ont montré d’autres progrès dont nous n’avions aucune idée ; un grand nombre de pratiques et de règles qui rapprochent la trigonométrie arabe de celle des modernes ; l’emploi des tangentes et des sécantes, comme moyen subsidiaire en certains cas plus compliqués, des artifices de calcul, qui n’ont été imaginés en Europe que vers la première moitié du dix-huitième siècle, voilà ce que M. Sédillot nous a donné, d’après ces derniers chapitres d’Ebn Jounis. Ce n’est pas tout. Il existait un almageste d’Aboulewéfa, astronome de Bagdad qui vivait au dixième siècle. Cet ouvrage se trouvait dans plusieurs bibliothèques ; Weidler le cite en passant ; il paraît que personne n’avait pris la peine