Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/20

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ces avait prudemment laissé dans l’ombre l’un des plus beaux côtés de l’illustre maréchal.

L’éloge de Vauban, sous la plume d’un officier du génie, semblait devoir consister principalement dans une appréciation exacte des moyens de défense et d’attaque dont l’illustre maréchal a doté l’art de la guerre. Ce ne fut pas cependant le plan qu’adopta Carnot. C’est surtout par les qualités du cœur, par les vertus, par le patriotisme, que Vaubamlui semblait digne d’admiration « C’était, s’écriait-il, un de ces hommes que la nature donne au monde tout formés à la bienfaisance, doués, comme l’abeille, d’une activité innée pour le bien général ; qui ne peuvent séparer leur sort de celui de la République, et qui, membres intimes de la société, vivent, prospèrent, souffrent et languissent avec elle. »

Le prince Henri de Prusse assistait à la séance de l’Académie de Dijon dans laquelle l’éloge de Vauban fut lu et couronné. Il exprima, dans les termes les moins équivoques, tout le plaisir que ce discours lui avait fait il assura l’auteur, verbalement et par écrit, de sa profonde estime. Piqué d’émulation le prince de Condé, qui présidait l’assemblée comme gouverneur de la Bourgogne, enchérit encore sur les marques de bienveillance que le jeune officier du génie recevait du frère de Frédéric le Grand.

Carnot avait-il donc encensé les préjugés nobiliaires ? Ses principes de 1784 étaient-ils tellement différents de ceux qui depuis ont dirigé toutes ses actions, que le suffrage des grands ne pût pas lui manquer ? Écoutez, Messieurs, et prononcez !

La dîme royale, cet écrit qui, sous Louis XIV, amena