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SUR LES INONDATIONS SOUTERRAINES

d’une colline élevée de quarante mètres environ au-dessus des basses eaux de la Seine. Ils prétendaient que ces filtrations avaient lieu obliquement à travers des terres sablonneuses, et qu’elles se répandaient dans les caves des maisons de Paris. D’autres attribuaient la submersion de ces caves à des ruptures de conduites posées dans les rues. Enfin, et beaucoup de personnes se réunissaient à cet avis, on pensait que cette inondation des caves provenait des eaux des monticules et des plateaux élevés dont Paris est couvert du côté du nord.

On savait depuis long-temps que les bassins de Chaillot étaient parfaitement étanches, et l’on se fut bientôt assuré que les caves étaient inondées, dans un grand nombre de rues sous le pavé desquelles il n’y avait jamais eu de conduites posées[1] ; ces deux causes de l’inondation se trouvant, par ces motifs, écartées de la recherche qu’on avait à faire, il ne restait à examiner que l’opinion de ceux qui attribuaient cet accident à quatorze mois de pluies consécutives, dont le produit, après avoir pénétré jusqu’à la couche imperméable de glaise ou de marne sur laquelle reposent les couches superficielles des montagnes de Mesnil-montant, de Belleville et de Montmartre, filtrait lentement sur la surface

  1. « Dans les rues Grange-aux-Belles, de Lancry, Beaurepaire, du Bout-du-Monde, Neuve-Saint-Jean, des Marais, Neuve-Saint-Laurent, du Vert-Bois, Neuve-Saint-Martin, du Pont-aux-Biches, de la Croix, des Fontaines, Frépillon, Jean-Robert, aux Ours, de la grande Truanderie, Grange-Batelière, Saint-Sauveur, de l’Égout-Saint-Martin, la Pologne, le marché Saint-Martin, il n’y a pas une seule conduite des tuyaux de Chaillot, et cependant il y a de l’eau dans les caves de ces rues. » (Ordonnance du bureau de la ville, du 13 juin 1788, pag. 10.)