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SUR LES INONDATIONS SOUTERRAINES

l’objet de ce mémoire ont eu lieu à trente ans d’intervalle, et qu’elles ont été le résultat nécessaire de circonstances absolument semblables, on en conclura que cet accident doit être assez rare : car il ne dépend pas seulement de l’abondance des pluies, mais il dépend encore de leur continuité. Il faut, pour qu’il se manifeste, que la terre soit profondément imbibée, et que l’évaporation à sa surface ait été moindre qu’elle n’est ordinairement. Il semble donc que le retour de submersions semblables ne pourrait être prévu quelque temps d’avance, qu’autant qu’on ajouterait aux observations que l’on recueille sur la quantité de pluie qui tombe annuellement, des observations analogues sur la hauteur de l’évaporation journalière à la surface du sol. La quantité d’eau de pluie qui échappe à l’évaporation est en effet la seule qui puisse servir à l’entretien des nappes souterraines, et produire ainsi des submersions accidentelles. Ce qui est certain, d’après les observations que nous venons de rapporter, c’est que, par l’effet des obstacles qu’on a successivement opposés au libre écoulement des eaux pluviales dans les quartiers septentrionaux de Paris, et sur-tout par l’élévation des murs du grand égout au-dessus du sol de la vallée, toutes les fois que la hauteur d’eau tombée dans l’espace de deux années consécutives se sera élevée au-dessus de 120 centimètres, et que le nombre de jours de pluie aura été, dans le même intervalle, de plus de 320, les quartiers de Paris situés sur la rive droite de la Seine seront menacés, pour l’année suivante, d’une inondation souterraine.