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DESCRIPTION D’UNE AGGRÉGATION DE PIERRES

couru, à différentes époques, le territoire des États-Unis d’Amérique, n’a rencontré le plus léger indice, ni la plus petite trace d’un volcan.

Le terrain entre la mer et les montagnes des Apalaches est dans une assez grande profondeur très-bas, uni, extrêmement marécageux et mal-sain. Il y croît des graminées, des cyperées, des joncs en abondance, et généralement toutes les plantes qu’on rencontre ordinairement sur un semblable sol. Un de ces marécages, voisin de la ville de Wilmenton, capitale de l’état, est renommé par la présence d’une plante, appelée par les botanistes Dionœa muscipula, ou attrape-mouche. Elle y est abondante, et paraît s’y trouver exclusivement. Je ne sache pas du moins qu’on l’ait rencontrée ailleurs, et moi-même je l’ai vainement cherchée dans les endroits bourbeux et marécageux de la Géorgie, de la Caroline du Sud et de la Virginie. La Dionœa muscipula, qualifiée par Linné de miraculum naturœ, a été surnommée attrape-mouche, à cause de la singularité de ses feuilles bordées de longs cils ou poils ; à l’approche d’un corps étranger, elles se contractent, se plient et se serrent de manière que, lorsqu’un insecte vient s’y reposer, il est saisi à l’instant, sans pouvoir se dégager, et trouve la mort et son tombeau dans le lieu même où il espérait recueillir un suc pour la conservation du peu de jours qui lui restaient à vivre.

On conçoit aisément que, dans un pareil sol, on ne doit rencontrer que très-peu ou point de pierres. Mais à mesure qu’on approche des montagnes, le terrain prend un autre aspect. Jedidiah Morse et Joseph Scott parlent d’un banc de pierres à chaux (je me sers de leur expression) à la distance de 50 ou 60 milles de la mer. Ce banc court parallèlement