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éloge de m. de beauvois.

En effet, son imagination avait été saisie de l’idée que ce pays peu visité jusque-là lui offrirait en abondance les productions nouvelles qu’il brûlait de recueillir, et qu’il n’y serait pas abandonné à lui-même comme dans ceux qu’il avait eu d’abord le projet de parcourir. Il y trouvait de plus l’avantage qu’une fois solidement établi sur la côte d’Afrique, il s’y procurerait des moyens plus assurés de reprendre ses premiers plans, et de traverser cette partie du monde. Du reste on pense bien qu’il n’avait l’intention d’entrer au service de la nouvelle compagnie ni comme jardinier, ni sous aucun autre titre. Loin d’en rien accepter, il fit de ses propres deniers des achats considérables d’instruments, de livres et de meubles, et se munit de provisions de tout genre pour lui et pour les siens. Il emmena avec lui deux de ses domestiques, et il fit même partager son enthousiasme à son beau-frère, au point de le déterminer à le suivre et à se dévouer personnellement à toutes les fatigues et à tous les périls de l’entreprise. Les dangers ou climat, que Landolphe ne lui laissa point ignorer, n’eurent pas plus de pouvoir sur lui que toutes les autres raisons qui auraient pu le retenir, et il s’embarqua à Rochefort le 17 juillet 1786, pour un voyage qu’il croyait devoir durer quatre ans, mais que des événements sans nombre prolongèrent bien au-delà de ses calculs.

La petite escadre relâcha deux mois à Lisbonne, huit jours à Chaman, comptoir hollandais sur la côte d’Or, entre le cap des Trois-Pointes et le cap Corse ; deux jours à Koto, comptoir danois de la même côte, sur la rivière de Volta ; autant à Amokou, comptoir français, et à Juida.

Partout M. de Beauvuis faisait déja des récoltes qu’il