Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 5.djvu/59

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cet avantage singulier, que la dépense de force vive nécessaire à la production du mouvement est elle-même une portion de l’effet utile que l’appareil est destiné à produire. il faut, à la vérité, pour obtenir cet avantage, 1.o  que le tirant d’eau des bateaux qui descendent les canaux soit plus grand que le tirant d’eau des bateaux qui les remontent ; 2.o  que la chute des écluses ne surpasse jamais la différence de ces tirans d’eau.

Il est évident qu’on sera toujours le maître de remplir cette dernière condition, toutes les fois que la première existera or, quoiqu’en assignant la quantité d’eau nécessaire à l’entretien d’un canal on ait été, jusqu’à présent, dans l’usage de considérer la navigation comme également productive dans les deux sens opposés suivant lesquels on la dirige, il suffit de quelque attention pour se convaincre que cette hypothèse n’est point conforme à la réalité ; que la navigation descendante l’emporte beaucoup, par le poids des matières qu’elle met en mouvement, sur la navigation ascendante ; enfin que cette prépondérance tend naturellement à se perpétuer dans un état de civilisation où les canaux deviennent nécessaires pour multiplier les communications entre les diverses contrées.

En effet, la population se fixe toujours là où peuvent aisément arriver les denrées de première nécessité qu’elle consomme et les matières premières qu’elle emploie dans les différens genres d’industrie auxquels elle se livre. Les rivières navigables offrent pour le transport de ces objets, plus ou moins encombrans, des facilités naturelles qui ont attiré sur leurs bords un plus grand nombre d’habitans ainsi les vallées se sont couvertes de villes, et presque toujours la capitale d’une contrée s’est élevée sur les rives du plus grand fleuve qui la traversait.

Quand le territoire des vallées où coulent les rivières