Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 5.djvu/86

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cholera-morbus et l’iléon comme des maladies propres aux intestins, sans remarquer que leur première cause résidait alors dans le foie et de là combien d’erreurs graves, d’abord pour le traitement, et ensuite pour d’autres fausses conséquences qu’on a tirées !

J’en ai rapporté un exemple bien mémorable à la suite de mon petit ouvrage sur le traitement des personnes empoisonnées entre autres, celui de M. Madison secrétaire d’ambassade d’Angleterre, venu à Paris pour rédiger les articles du traité d’Amiens. Il eut, peu de temps après son arrivée, une colique des plus violentes, que je jugeai être de la nature de celles qu’on appelle hépatiques le malade en guérit ; mais il resta très-jaune, et continua de se livrer aux travaux du cabinet et de se répandre dans la capitale. Quelque temps après, paraissant jouir de la meilleure santé, il ressentit une vive douleur dans l’hypocondre droit des vomissemens s’y joignirent ; ils devinrent continus et très-violens le bas-ventre fut très-douloureux ; les urines, qui étaient rouges, se supprimèrent. On accusa l’inflammation des intestins. Des saignées copieuses furent prescrites, des bains et des boissons émollientes, mais inutilement. Les urines se supprimèrent. Le malade éprouva de fréquentes faiblesses, et mourut de cette maladie, qui ne dura que trois jours.

Cette mort fit beaucoup de bruit dans Paris. On ne manqua pas de dire que le secrétaire d’ambassade d’Angleterre avait été empoisonné.

Le Gouvernement voulut que l’ouverture du corps Li faite, et l’on ne peut douter que je n’en eusse aussi le désir.

M. de Vergennes, ministre des affaires étrangères, envoya de Versailles M. Gauthier, chirurgien de la Cour, pour y assister. L’ouverture fut faite en ma présence par le chirurgien de l’ambassade, M. Magdonel : plusieurs médecins et chirurgiens de Paris y furent présens. Le résultat de cette autopsie