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LXVIII
NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX

C’est encore, rappelons-le, un fruit de son multiple et fécond professorat lorsqu’il publie la série de ses onze Leçons sur la philosophie chimique, faites au Collège de France en 1836, lorsqu’il imprime son Essai de statique chimique des êtres organisés, dernière leçon de son cours de 1841 à la Faculté de Médecine, et surtout lorsqu’il tire progressivement de l’ensemble de ses leçons les matériaux de ce grand édifice qu’est son Traité de Chimie appliquée aux Arts. Le premier volume en a paru dès 1828 et renferme la substance de ses trois années d’enseignement à l’Athénée ; le huitième et dernier n’a été publié qu’en 1846. Ce bel et si utile Ouvrage lui a donc coûté dix-huit ans d’efforts.


IV.


Comme savant à la fois et comme professeur, Dumas a donc atteint vers 1848 l’apogée de sa gloire scientifique. C’est à ce moment qu’une nouvelle carrière s’ouvre devant lui.

Après la Révolution de Février, les habitants de Valenciennes lui demandèrent d’accepter la. députation et d’aller défendre à l’Assemblée législative leurs intérêts industriels menacés. Il ne se déroba point. « Pensait-il, dit Pasteur, que, dans cesjours troublés, il pouvait rendre plus de services à son pays qu’en restant enfermé dans un laboratoire ? Rêvait-il, après avoir répandu tant d’idées fécondes du haut des chaires universitaires, d’en offrir aux assemblées du haut de la tribune ? Il y eut de tout cela et peut-être aussi quelque grain d’ambition… Il aimait le pouvoir. » Aussi lorsque, en 1849, le Prince Président lui offrit le Ministère de l’Agriculture et du Commerce en lui disant gracieusement « Vous serez mon Chaptal », accepta-t-il sans hésiter. C’est ainsi qu’il entra dans la vie politique et qu’il dut renoncer pour un long temps d’abord à ses recherches personnelles et à son enseignement expérimental en fermant son laboratoire de la rue Cuvier, puis à ses chaires de la Sorbonne et de l’École de Médecine,