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Il se passionna d’abord pour l’histoire naturelle. La Terre avant le déluge, de Louis Figuier, qu’il avait lu à 6 ou 7 ans, avait été pour lui une révélation. On lui donna d’autres Ouvrages du même auteur. On le faisait travailler alors avec un inspecteur primaire ami de sa famille, M. Hinzelin, qui a publié des livres élémentaires estimés ; M. Hinzelin ne lui donnait pas beaucoup de devoirs écrits, mais se laissait poser des questions et satisfaisait à toutes les curiosités de son élève. C’est ainsi que le jeune Henri apprit beaucoup de choses, sans que personne se rendit un compte précis de ce qu’il savait. Lorsqu’il entra au lycée en neuvième, au mois d’octobre 1862, sa mère se demandait s’il pourrait suivre les cours ; mais elle fut vite rassurée, car son fils fut classé premier à la première composition et continua assez généralement à occuper ce rang dans toutes les branches.

J’ai eu sous les yeux un carnet qu’elle avait précieusement conservé et où se trouvent consignées toutes les notes et toutes les places que son fils avait eues pendant cette année de neuvième. Un simple coup d’œil, jeté sur ces Notes, nous montre déjà en lui un enfant au-dessus de la moyenne. Mais elles ne font pressentir en rien ses futures aptitudes mathématiques ; tout au contraire. C’est surtout en histoire et géographie qu’il se distinguait alors. Le carnet se termine par une composition française où l’on reconnaît déjà, encore mal formée, l’écriture anguleuse si caractéristique de notre Confrère. Cette composition, qui se recommande par des qualités de sentiment et de style bien rares à 9 ans, mérite le nom de « petit chef-d’œuvre » que lui avait appliqué le professeur.

Notre futur Confrère avait le travail si facile qu’on ne le voyait jamais faire de devoirs[1]. Il s’amusait franchement, riait, plaisantait,

  1. « Il n’était pas, nous dit le général Xardel, l’écolier modèle qui reste pendant des heures assis devant sa table, le nez sur ses livres et sur ses cahiers. Combien de fois, en allant après la classe, vers 5 ou 6 heures, lui demander quelques éclaircissements sur ses devoirs, obscurs pour moi, lumineux pour lui, combien de fois l’ai-je trouvé dans la chambre de sa mère, allant et venant, prenant part aux conversations et, en apparence,