Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 52.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XI

depuis son origine, il prenait à ses travaux, le nommait son président perpétuel en remplacement de Rayer, son fondateur et son premier président.

Sans diminuer en rien sa faculté productrice, son nouvel enseignement de la Sorbonne lui permit de faire connaître les résultats de ses travaux à un plus nombreux auditoire et surtout de constituer progrèssivement l’ensemble de cette science nouvelle, qu’il appelait bien la Physiologie générale, mais qui n’était encore pour lui, à cette date, que la Physiologie générale des animaux, opposée par exemple à la Physiologie comparée des animaux, que Flourens professait alors au Muséum d’Histoire naturelle. C’est là que je le vis pour la première fois, lorsque, en 1861, élève de troisième année à l’École normale, je suivais son cours très assidûment et avec le plus vif intérêt, en vue de la préparation à la licence es sciences naturelles. Dans ces leçons, didactiques et sans expériences, si différentes de celles où il excellait au Collège de France, le professeur se montrait d’ordinaire timide, embarrassé, mal à l’aise ; tranchons le mot, médiocre ; mais l’importance des problèmes soulevés était si grande, si sûre la méthode appliquée à les résoudre et si élégante la solution que bientôt on n’y pensait plus.

Il a d’ailleurs défini lui-même, en termes très précis, la différence essentielle qui doit exister entre l’enseignement scientifique du Collège de France et celui de la Faculté des Sciences. « Toujours placé au point de vue de l’exploration, le professeur du Collège de France doit considérer la Science, non pas dans ce qu’elle a d’acquis et d’établi, mais dans les lacunes qu’elle présente, pour tâcher de les combler par des recherches nouvelles. C’est donc aux questions les plus ardues et les plus obscures qu’il s’attaque de préférence, devant un auditoire déjà préparé à les aborder par des études antérieures. Dans les Facultés, au contraire, le professeur, placé au point de vue dogmatique, se propose de réunir dans un exposé synthétique l’ensemble des notions positives que possède la Science, en les rattachant au moyen de