Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 52.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXI

l’on a distinguées dans sa vie. Les uns, les plus nombreux, compris dans la première et la plus longue période, celle des recherches du Collège de France, c’est-à-dire dans un espace de 25 ans, de 1843 à 1868, intéressent presque exclusivement la Physiologie animale. Les autres, plus restreints, compris dans la seconde ’et la plus courte période, celle des recherches au Muséum, c’est-à-dire dans un espace de 10 ans, de 1868 à 1877, portent presque exclusivement sur les caractères communs aux animaux et aux plantes, qui sont la base de la véritable Physiologie générale.

Considérons d’abord les travaux de la première période.

Sans nous astreindre à en suivre l’ordre chronologique, nous les classerons en cinq groupes, suivant qu’ils concernent la nutrition, la production de chaleur, l’influence du système nerveux sur ces deux fonctions, le mode d’action des poisons, et énfin la doctrine qui résulte de ce vaste ensemble, c’est-à-dire le déterminisme.

Parmi les phénomènes nutritifs, il étudie tout d’abord les divers liquides sécrétés par les glandes de l’appareil digestif salive, suc gastrique, suc intestinal, suc pancréatique. Deux résultats considérables en découlent aussitôt. Le premier, c’est que l’action des sucs digestifs ne se borne pas, comme on le croyait, aux aliments solides qu’elle transforme en un liquidé facilement absorbable, mais doit s’exercer tout aussi bien sur les aliments déjà liquides. La dissolution n’est donc pas le tout de la digestion. Il prouve, en eff’et, que le sucre de canne, par exemple, bien que soluble, doit, pour être utilisé par l’organisme, être d’abord transformé dans l’intestin en glucose et lévulose, être interverti, ce qui a lieu sous l’influence d’un ferment dit inversif, que Berthelot a isolé dans la Levure de bière et nommé invertie. Introduit directement dans le sang, il est promptement éliminé tel quel et rejeté au dehors.

Le second résultat est relatif à l’absorption des matières grasses. Ouvrant un jour un lapin en pleine digestion, il remarque que les