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XLIV
NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX

retracer la vie de Joseph Bertrand, Vulpian celle de Flourens, Bertrand celle d’Élie de Beaumont, Jamin celle d’Arago, Flaurens celle de Cuvier, Arago celles de Fourier et de Condorcet…, ce droit à l’éloge académique n’est pas toujours respecté, et plusieurs anciens Secrétaires perpétuels attendent encore.

Voici, par exemple, un chimiste illustre entre tous, Jean-Baptiste Dumas, le digne successeur de notre grand Lavoisier. Pendant seize ans, de 1868 à 1884, il a occupé parmi nous le siège de Secrétaire perpétuel pour les Sciences physiques, illustré par Cuvier et Flourens et dont il a su encore rehausser l’éclat. À ce titre, iL a eu à prononcer l’éloge, et quels beaux éloges de dix de nos confrères regrettés. Eh bien il y a vingt-huit ans qu’il nous a quittés et l’on peut constater, non sans un étonnement profond, qu’il n’a pas encore reçu de nous ce qu’il a si libéralement donné à nos prédécesseurs. Non pas que notre Académie ait méconnu ou négligé ses grands mérites, loin de là.-En plusieurs circonstances solennelles, elle s’est plu à les reconnaître et à les exalter d’abord, de son vivant, en 1882, par le président Jamin, quilui offrait la médaille commémorative de son cinquantième anniversaire académique, puis à ses obsèques, en 1884, par le président Rolland et le Secrétaire perpétuel Joseph Bertrand, et plus tard, en 1889, à l’érection de sa statue à Alais, par deux membres délégués : Pasteur et M. Armand Gautier. Il n’en reste pas moins qu’ici, chez nous, sous cette coupole, nous gardons une dette envers cette grande mémoire.

Aussi, sans vouloir rechercher ici la cause, peut-être trop personnelle, de ce long retard, ai-je pensé qu’il convenait, pour l’honneur de l’Académie, de combler au plus tôt cette regrettable lacune. Mais je me suis aussitôt souvenu que Dumas a écrit quelque part : « L’Académie veut que ceux qui l’ont honorée soient loués dignement. » Et l’exigence de cet avertissement m’a tout d’abord arrêté. Lui, qui l’a tant honorée, saurais-je le louer dignement ? Puis, sans consulter davantage mes forces, les sachant par avance insuffisantes, mais comp-