Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 6.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

118 ÉTAT DE LA VÉGÉTATION

mes yeux la netteté des ombres, la correction de leurs contours, l’unité et l’étendue du cercle irisé, s’expliquent tout naturellement par la forme de ce nuage qu’un courant d’air* à la fois rapide et, continu, déployait devant moi comme l’eût été un rideau bien tendu. Les nuages, au contraire, où Bouguer, les fils de Saussure et d’autres observateurs ont vu leur image- imparfaite ou tronquée, et leurs têtes seulement environnées d’auréoles-, avaient sans doute la forme ordinaire, et offraient cet assemblage de surfaces convexes, qui donne un aspect floconneux aux amas de vapeurs abandonnés à eux-mêmes.

Il n’est pas aussi aisé d’expliquer le phénomène lui-même. Voir son ombre sur un brouillard est une chose fort ordinaire mais voir cette ombre entourée d’un cercle coloré est une chose si rare, que la formation de cet iris semble exiger le concours d’une condition tout* à- fait extraordinaire. Bouguer pensait que les particules du nuage étaient glacées. Saussure partage son opinion, et l’appuie de ce qu’il gelait sur la montagne de Salêve, au moment où ses fils furent témoins du phénomène. Beaunier, au contraire, ne trouve dans sa propre observation rien qui autorise cette conjecture, et Omaliùs-d’Halloy ne croit pas du tout à la congélation des particules, dans un brouillard qu’il rencontrait le 27 août, à une élévation très médiocre au-dessus du niveau de la mer. Je ne. puis que me ranger à leur avis, bien qu’il y eût dans les dimensions de mon iris, de quoi favoriser l’opinion de Saussure mais, certes, il ne gelait pas le 8 août au Pic du Midi, et j’aurais peine à me persuader qu’il gelât dans cette nue, vivement éclairée du soleil, que je touchais de la main, et qui remontait de la plaine.