Page:Mémoires de la Société d'ethnographie, Tome XII, 1874.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s’il fallait en croire certains érudits, auxquels nul n’a encore le droit de donner un démenti fondé, à des âges de beaucoup plus anciens que ceux des premières pyramides d’Égypte.

Il nous faut donc un nom archaïque comme l’objet lui-même qu’il doit servir à désigner, et, s’il se peut, un nom dont l’étymologie trahisse tout à la fois les naïves traditions du passé et les progrès de la science contemporaine.

Ce nom, je me suis demandé s’il y avait réellement inconvénient à l’emprunter au Critias et au Timée du maître d’Aristote. Quel qu’il soit d’ailleurs, les modestes recherches groupées dans ce travail n’en vaudront ni plus ni moins. Sans autre hésitation, j’adopterai donc celui que me fovirnit Platon, et j’appellerai Atlantide l’Amérique avant Colomb.


***


Bien des insanités, il faut le reconnaître, ont été débitées sur ce continent hypothétique [1] dont l’existence a été révélée par la bouche même de Critias, disciple de Solon, le célèbre législateur et l’un des sept sages de la Grèce. Cependant la science, qui a longtemps relégué le récit du philosophe grec dans le domaine de la fable ou du roman, tend

  1. La doctrine de l’infortuné Bailly {Lettres sur l’Atlantide de Platon et sur l'ancienne Histoire de l’Asie, Paris, 1779), suivant laquelle les Atlantes auraient été les habitants d’une région voisine du pôle arctique, est aujourd’hui abandonnée par tous les savants.