Page:Mémoires de la Société d'ethnographie, Tome XII, 1874.djvu/320

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plus rapproché de l’Afrique est probablement la pointe Toiro, près du village Bom-Jesus (lat. 5° 7’ austr.), tandis que la saillie la plus orientale de l’Amérique est de 2° à 3° plus au sud, entre le Rio Parahyba do Norte et la rade de Pernambuco [1] ».

La distance qui sépare ainsi la côte du Sénégal de celle du Brésil est à peu près la même que celle que l’on compte de Marseille à l’isthme de Suez. Entre la côte orientale d’Irlande et le Groenland oriental, cette distance est sensiblement moindre et dépasse à peine celle de Marseille à Constantinople, calculée à vol d’oiseau.

Mais la question de ces distances n’a d’intérêt que pour expliquer la possibilité d’anciens voyages entre les deux continents supposés de tout temps identiques à ce qu’ils sont aujourd’hui; elle est secondaire, quand on cherche à établir l’hypothèse de changements considérables opérés à une époque reculée dans le bassin de l’Atlantique. Au contraire, il n’est pas inopportun de remarquer que la longue chaîne de montagne qui, partant des monts Rocheux, se continue par la Cordillère des Andes [2] du nord au sud de l’Amérique, transforme ce continent en un immense versant exposé à Test, c’est-à-dire incliné dans la direction de l’Europe; et que ce versant, dont le faîte ne mesure pas moins de 6,500 mètres au dessus du niveau de la mer, ne le dépasse souvent que de quelques pieds sur son rivage oriental. En revanche, quelques îles, débris d’un sol envahi

  1. Humboldt, Essai sur l’histoire et la géographie du Nouveau-Continent (Paris, 1837), t. II, p. 52.
  2. La plupart des géologues, notamment MM. Pissis, Durocher et Marcou, admettent que les volcans des Andes ont apparu à l’époque de la dernière catastrophe géologique et qu’ils se sont alignés suivant les directions des systèmes antérieurs (Élie de Beaumont, Rapport sur les progrès de la Stratigraphie, 1869, p. 27).