Page:Mémoires de la Société d'ethnographie, Tome XII, 1874.djvu/443

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous avons nous-même recueilli cette tradition aux ruines de Mayapan : ce qui confirmerait sa véracité, c’est celle que rappelle Ordonez, recueillie par les Tzendales, au sujet de Telchac, aujourd’hui petit village à une lieue au nord de Mayapan, qui en aurait été anciennement le port ; la mer arrivait donc jusqu’à cet endroit. Cet écrivain ajoute que ce fut à Telchac que débarquèrent les Tzequils ou Chequils, qu’il appelle les ancêtres des Mexicains, et qu’ils allèrent de là fonder la ville de Zazacatlan ou Ghovel, dont les restes forment actuellement un faubourg de Ciudad-Real de Chiapas ou San-Cristobal. »

Chez les Quiches, Gucumatz avait été un des témoins de la grande inondation à laquelle l’Amérique devait l’arrivée des dieux qui furent, à l’origine, ses législateurs. Or, Gucumatz est le même que le premier Quetzalcohuatl, personnage qui joue un grand rôle dans la mythologie mexicaine, auquel on attribue la création du monde [1] et dont on a fait une personnification du Soleil. C’est ce qui explique pourquoi l’on célébrait, à la fin de décembre, des sacrifices en commémoration de celui qu’offrit Quetzalcohuatl pour remercier le Ciel de lavoir sauvé de l’inondation, où il faillit périr avec tous ses compagnons [2].

Non seulement le souvenir du cataclysme de l’Amérique préhistorique a été conservé au Mexique, dans la région Isthmique et au Pérou, mais on en a retrouvé d’incontestables traces d’un bout à l’autre du Nouveau-Monde, et jusque chez les tribus sauvages, chez lesquelles on n’a plus guère rencontré aucune trace de civilisation.

A l’origine des temps, suivant une tradition locale, les Mandans,

  1. Codex Telleriano-Remensis, reproduit dans mes Archives paléographiques de l’Orient et de l’Amérique, t. I, p. 199.
  2. Brasseur de Bourbourg, Histoire des nations civilisées du Mexique, t. III, p. 500.