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ESPÉRANCES DU ROI DE SARDAIGNE

l’étonnement calme de l’alsacien Frimont cherchant vainement ses yeux pour découvrir ce qu’il pensait de ces extravagances et obligé par sa malice à y répondre seul. Heureusement le Roi se laissa choir d’une chaise sur laquelle il était grimpé pour prendre d’assaut une jarre à tabac placée sur une armoire. Il se fit assez de mal, se démit le poignet, et Briançon fut sauvé.

Le physique de ce pauvre prince rendait ses rodomontades encore plus ridicules. Il ressemblait en laid à monsieur le duc d’Angoulême. Il était encore plus petit, encore plus chétif ; ses bras étaient plus longs, ses jambes plus grêles, ses pieds plus plats, sa figure plus grimaçante ; enfin il atteignait davantage le type du singe auquel tous deux aspiraient. Il souffrit horriblement de son poignet qui fut mal remis par une espèce de carabin ramené de Sardaigne. Rossi, un des plus habiles chirurgiens de l’Europe, était consigné au seuil du château pour l’avoir franchi sous le gouvernement français. Toutefois, la douleur se fit sentir ; au bout de dix à douze jours, Rossi fut appelé, le poignet bien remis et le Roi soulagé.