Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/133

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dans le sable, que sont dues quelques sources qui suintent vers la partie supérieure de la montagne. Il paraît qu’il y a encore des assises coquillières vers le sommet, dans la ville même de Cassel.

D’après la comparaison des fossiles recueillis à Cassel et à Chaumont, l’identité de formation de ces deux gîtes coquilliers me paraît difficile à révoquer en doute. L’identité de formation des sables coquilliers de ces deux localités et de ceux de la montagne de Laon, me semble également incontestable. Cette identité me paraît importante à signaler, comme propre à donner plus de poids aux ressemblances de différens genres que présentent les dépôts tertiaires plus ou moins dégradés de localités isolées, situées dans l’intérieur ou dans le voisinage du triangle déterminé par les trois points dont s’agit.

Ces tertres détachés que les Anglais nommeraient outlyers, sont autant de témoins de l’ancienne étendue du terrain tertiaire inférieur, qui, des environs de Compiègne et de Laon, s’étendait d’une manière continue, d’une part, vers la mer du Nord, sur les rivages de laquelle il constitue en partie le sol de la Belgique et des côtes de l’Angleterre qui lui sont opposées. D’une autre part, ce même terrain s’étendait vers les falaises de la Manche, où on les voit paraître à Saint-Valery, à Creil, à Sainte-Maguerite, en regard des dépôts analogues de Newhaven et de l’île de Wight, passant ainsi entre les protubérances crayeuses du pays de Bray et des Wealds, suivant une direction parallèle à celle des Pyrénées, et à celle de la plus grande longueur du massif principal du calcaire grossier qui, ainsi que je l’ai indiqué ailleurs, s’étend de Venables, près Louviers (Eure), au tertre de Mont-Aimé, près Vertus (Marne). L’ancienne liaison présumée des terrains tertiaires de l’île de Wight et de la côte de Picardie est déjà indiquée sur la carte géologique de l’Angleterre, jointe aux Outlines of Geology of England and Wales de MM. Conybeare et Philipps. Pour éclaircir ce qui a été dit ci-dessus sur l’ancienne étendue du terrain tertiaire inférieur, je joins à cette note une esquisse géographique de l’état de la France pendant la période où son dépôt s’est opéré. (Pl. VII, fig. 5.)

Les deux rivières que j’ai figurées comme débouchant dans la mer de la première période tertiaire, l’une vers les lieux où se trouve aujourd’hui Vervins, et l’autre vers ceux où se trouve l’île de Portland, rivières dont l’ancienne existence me paraît fort probable, expliqueraient d’une manière très naturelle la plus grande accumulation des lignites dans les parties du dépôt tertiaire inférieur où se trouvent aujourd’hui Soissons d’une part, et Alun-Bay de l’autre.

Les grains quarzeux de tous les sables mentionnés ci-dessus, et même leurs grains glauconieux, rappellent les parties les plus fines des sables qui, dans le pays de Bray et les Wealds du Kent, se trouvent entre les couches inférieures de la formation waldienne et la craie chloritée. Les protubérances crayeuses du pays de Bray et des Wealds ayant été soulevées avant le dépôt des premières assises tertiaires, et leurs diverses couches ayant été par cela même exposées aux dégradations