Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/162

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B. La couche inférieure à la précédente, et offrant les mêmes caractères ; seulement elle m’a paru plus compacte.

On voit plusieurs couches semblables se succéder dans une épaisseur fort considérable, au moins pendant cent toises ; puis on voit reparaître subitement le calcaire en bancs très puissans et bien clairement stratifiés, comme celui qui est supérieur aux grès. Seulement il s’offre sur une plus grande échelle, et son inclinaison est un peu moins forte, quoique toujours d’au moins 45°.

C. Le calcaire sous-jacent aux grès est dur, sonore au choc, à cassure conchoïdale, blanc-gris, ou blanc-jaunâtre dans l’intérieur, gris-blanc à l’air ; il est percé dans tous les sens de grandes cavités irrégulières et rempli de très grosses masses siliceuses. On y voit souvent interposés des lits de la même matière plus épais et plus longs que dans les couches supérieures. Ce calcaire est suivi par des couches du calcaire fragmentaire que nous avons déjà vu, c’est-à-dire composé de parties inégalement dures.

D. Des bancs de calcaire jaune compacte, séparés par de minces lits de marne argileuse, souvent verte ou à points verts. Ils renferment diverses coquilles souvent très grosses, entre autres des gryphées voisines de l’espèce du Salève ou plutôt intermédiaires entre cette espèce et la gryphée virgule, des huîtres, des buccins, des turritelles, des natices de diverses grosseurs ; l’inclinaison est d’environ 45°.

E. Un calcaire compacte, gris-brunâtre clair, dans lequel est creusée la caverne d’où sort le fleuve du Chien. Il forme de grands plans inclinés sur le flanc de la montagne. Les nodules siliceux deviennent plus rares et sont généralement alongés comme des bâtons qui sortent de la masse calcaire. On y remarque diverses empreintes d’êtres organisés méconnaissables. La surface des couches est sillonnée d’empreintes comme si l’on avait passé les doigts sur une substance encore molle. À partir de cette roche la stratification devient de moins en moins inclinée, et semble varier beaucoup. Ainsi, aux environs de Raifoun, elle est ou horizontale, ou plongeant de l’E.-N.-E. à l’O.-S.-O. J’ai alors été obligé de renoncer à une méthode de numéroter les couches en remontant la vallée du Chien, qui ne tarde pas d’ailleurs à changer de direction. Les couches devenant horizontales, je ne les voyais plus se succéder les unes aux autres. Le calcaire, au reste, ne change plus ; les nodules siliceux disparaissent, et l’on ne voit plus que de nombreux bancs calcaires ruinés.

Cette formation sous-jacente aux grès à une épaisseur énorme. Elle est peut-être d’un tiers de la hauteur totale du Liban, si on la mesure depuis le haut de la montagne qui domine le couvent de Bisummara jusqu’au fond de Nahr el Kelb, où l’on ne voit rien qui indique qu’elle ne se continue pas encore long-temps dans le sein de la terre. Elle est composée de nombreux bancs d’un calcaire ordinairement dur, sonore, à cassure semi-conchoïdale, quelquefois à structure fragmentaire ; mais son caractère le plus constant et le plus remarquable est d’être percé de trous et de canaux irréguliers à parois arrondies, qui communiquent