Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/255

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dans la couche supérieure des cailloux roulés, puis dans les assises de limons, de sables et de graviers.

Au bassin de Lyon, en avant des barrages granitiques qui ont retenu les eaux de la Saône et du Rhône, la couche de cailloux atteint jusqu’au faîte des collines qui bordent les courans.

Dans les bassins inférieurs de la région calcaire, traversée par le Rhône, où les cavités ont été moins profondes et les défilés plus larges, la couche de limons est moins épaisse, et celle des cailloux ne s’élève souvent que de quelques pieds au-dessus des eaux du fleuve. Les limons ont été préservés du déblai partout où les cailloux les tiennent encore recouverts ; le restant a été charrié avec les cailloux de lac en lac jusqu’au littoral marin, où se termine le cours du fleuve. Dans les golfes marins qui ont été comblés par ces dépôts, les couches inférieures ont pu appartenir aux anciennes époques. Ces couches se trouvent souvent disposées en strates marneux et arénacés. Dans le bassin de la Garonne, depuis le point de partage des eaux du canal jusqu’au-delà de l’embouchure du Lot, d’épaisses assises de calcaire d’eau douce séparent ce dépôt de comblement ancien de celui qui a terminé la période tertiaire.

Les limons, les sables, les graviers de ce dernier sont rarement agglutinés, si ce n’est vers leur point de contact avec le sédiment pierreux auquel ils se trouvent mêlés comme dans le cragg, les faluns grisons, les pséphites d’eau douce supérieurs.

Les mélanges qui ont précédé la grande émission des dépôts de comblement tertiaires sont les premiers indices du mode progressif et chronique de cette formation. Rien ne ressemble moins aux effets d’une avalanche pierreuse que ces amas souvent stratifiés de détritus sableux et limoneux mêlés de graviers et de petits cailloux, tels que les charrient habituellement les courans fluviatiles. On y rencontre très rarement les gros cailloux et les blocs anguleux que les torrens d’inondation ont seuls pu entraîner. Rien n’est moins diluvien que ce prétendu diluvium.

Les ossemens de mammifères de la période tertiaire y sont disséminés à diverses hauteurs, et se trouvent souvent enveloppés dans les sédimens pierreux qui servent de base à ce terrain de comblement.

Dans le petit bassin de Riége auprès de Pézenas, les débris de cerf, de rhinocéros, d’hippopotame et d’éléphant sont empâtés avec des graviers et des sables dans le calcaire lacustre, superposé au terrain marin, et que recouvre le terrain de comblement. D’autres, en plus petit nombre, se trouvent encore épars dans les lits moyens et supérieurs de ce dépôt limoneux, épais de 40 ou 50 mètres.

Dans le bassin de Lyon des débris d’éléphant fossile sont enfouis à des hauteurs qui diffèrent de 70 mètres dans l’épaisseur du dépôt sableux et limoneux que couronnent les cailloux roulés[1].

  1. Mém. de M. E. de Beaumont, Ann. des sciences naturelles, t. XIX, p. 96.