Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/382

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bien distincts minéralogiquement, mais qui se lient l’un à l’autre ; leur inclinaison générale de quelques degrés vers le sud-ouest est contrastante avec celle du système primaire, qui les supporte, et concordante avec celle du système du grès vert de l’île d’Aix (Charente-Inférieure).

Le groupe inférieur, qui est un sable ferrugineux avec Gryphées colombes, Orbicules siliceux, Nummulites, baguettes d’Oursins, Madrépores, acquiert sa plus grande puissance vers la pointe du bois de la Lande, et de là vient en s’abaissant insensiblement vers la pointe du fort Saint-Pierre, tandis que le groupe supérieur composé de quarzite et de grès blanc ou jaune, a acquis sa plus grande puissance vers la partie centrale, qui est le bois de la Chaise. Voyez pl. XIX, fig. 2. — Ces deux groupes siliceux ne présentent aucun bloc ou caillou roulé de granite, de pegmatite, de micaschiste du système inférieur. Prenant en considération ce caractère négatif, et la discordance d’inclinaison de ces deux systèmes, on est naturellement porté à admettre que le système primaire avait déjà et depuis longtemps pris son relief actuel, lorsqu’il a été recouvert par le système secondaire de grès et quarzite.

Enfin ce groupe de sable ferrugineux de l’île de Noirmoutier, d’après la nature siliceuse de ses élémens, leur mode de dépôt, ses fossiles siliceux, son inclinaison au sud-ouest, me paraît devoir se rapporter au sable ferrugineux, qui, à l’île d’Aix, contient des coquilles siliceuses, telles que Caprines adverses, Huîtres, Gryphées, et supporte la craie verte à Sphérulites, Caprines. À l’île d’Aix, ce sable ferrugineux est bien moins développé que celui de Noirmoutier, malgré les grandes dégradations que ce dernier a subies.

Si le rapprochement d’identité de formation que je viens d’essayer d’établir entre le sable ferrugineux de l’île de Noirmoutier et celui de l’île d’Aix, est juste, ne pourrait-on pas alors regarder le groupe de quarzite et grès de Noirmoutier, comme représentant ici la formation de craie verte de l’île d’Aix.

Sans doute ces deux dépôts éloignés diffèrent complètement sous les rapports minéralogiques, et paléontologiques ; l’un est entièrement siliceux avec quelques empreintes végétales, l’autre entièrement calcaire et pétri de coquilles très volumineuses ; mais les circonstances locales n’ont-elles pas en beaucoup d’autres lieux produit des anomalies aussi complètes et tranchées que celle-ci, dans le dépôt d’une même couche, qui souvent ne présente aucune discontinuité entre ses élémens différens.

Cette dissemblance dans les élémens constituans de ces roches ne pouvait donc être un motif suffisant pour empêcher d’établir entre elles ce rapprochement de contemporanéité. En effet, lorsque les deux dépôts de Noirmoutier et de l’île d’Aix se formaient simultanément, les matériaux du premier étaient fournis par les côtes siliceuses environnantes de la Vendée et de la Loire-Inférieure, tandis que le voisinage des calcaires jurassiques de l’Aunis, Angoumois, Saintonge, etc., procurait à l’île d’Aix les matériaux nécessaires au dépôt crayeux.