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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/103

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CAMPAGNE DE LIGURIE.

des chevaux de prise, mais j’achetai à l’aubergiste trois moutons, un énorme fromage et une pièce de vin, avec lesquels mon détachement fit bombance. Ce jour, l’un des plus beaux de ma vie, était le 10 frimaire an VIII.

Le lendemain et les jours suivants, la division du général Séras eut avec l’ennemi divers petits engagements pendant lesquels je continuai à commander mes cinquante housards, à la satisfaction du général dont j’éclairais la division.

Le général Séras, dans son rapport au général Championnet, fit un éloge pompeux de ma conduite, dont il rendit également compte à mon père ; aussi lorsque, quelques jours après, je ramenai le détachement à Savone, mon père me reçut-il avec les plus grandes démonstrations de tendresse. J’étais ravi ! Je rejoignis le bivouac, où tout le régiment était réuni ; mon détachement m’y avait devancé. Les cavaliers racontèrent ce que nous avions fait, et toujours en me donnant la plus belle part du succès. Je fus donc reçu avec acclamation par les officiers et soldats, ainsi que par mes nouveaux camarades les sous-officiers, qui m’offrirent les galons de maréchal des logis.

Ce fut ce jour-là que je vis pour la première fois Pertelay jeune, qui revenait de Gênes, où il avait été détaché plusieurs mois. Je me liai avec cet excellent homme et regrettai de ne l’avoir pas eu pour mentor au début de ma carrière, car il me donna de bons conseils qui me rendirent plus calme et me firent rompre avec les gaillards de la clique.

Le général en chef Championnet, voulant faire quelques opérations dans l’intérieur du Piémont, vers Coni et Mondovi, et n’ayant que fort peu de cavalerie, prescrivit à mon père de lui envoyer le 1er de housards qui, du reste, ne pouvait plus rester à la Madona, faute de four-