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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/148

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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

mais le général, tant pour prendre les derniers ordres du premier Consul que pour reconduire Mme Bernadotte, devait se rendre à Paris, et comme en pareil cas il est d’usage que pendant l’absence du général les officiers de son état-major obtiennent la permission d’aller faire leurs adieux à leurs parents, il fut décidé que tous les aides de camp titulaires pourraient se rendre à Paris, et que les surnuméraires accompagneraient les équipages à Tours, afin de surveiller les domestiques, les payer chaque mois, s’entendre avec les commissaires des guerres pour les distributions de fourrages et la répartition des logements de ce grand nombre d’hommes et de chevaux. Cette désagréable corvée tomba donc sur le lieutenant Maurin et sur moi, qui n’avions pas l’avantage d’être aides de camp titulaires. Nous fîmes au plus fort de l’hiver et à cheval, par un temps affreux, les huit longues journées d’étape qui séparent Rennes de Tours, où nous eûmes toutes sortes de peine à établir le quartier général. On nous avait dit qu’il n’y resterait tout au plus que quinze jours, mais nous y restâmes six grands mois à nous ennuyer horriblement, tandis que nos camarades se divertissaient dans la capitale. Ce fut là un avant-goût des désagréments que j’éprouvai à être aide de camp surnuméraire. Ainsi se termina l’année 1800, pendant laquelle j’avais éprouvé tant de peines morales et physiques.

La ville de Tours était alors fort bien habitée ; on aimait à s’y divertir, et bien que je reçusse de nombreuses invitations, je n’en acceptai aucune. L’attention que j’apportais à surveiller la grande quantité d’hommes et de chevaux me donnait heureusement beaucoup d’occupation ; sans quoi l’isolement dans lequel je vivais m’eût été insupportable. Le nombre des chevaux