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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/187

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ÉPILOGUE DU COMPLOT.

six ans. Enfin, Bonaparte, devenu empereur, les rendit à la liberté. Pinoteau végétait depuis quelque temps à Ruffec, sa ville natale, lorsqu’en 1808 l’Empereur, se rendant en Espagne, s’y arrêta pour changer de chevaux. Le colonel Pinoteau se présenta résolument à lui et lui demanda à rentrer au service. L’Empereur savait que c’était un excellent officier, il le mit donc à la tête d’un régiment qu’il conduisit parfaitement bien pendant les guerres d’Espagne, ce qui, au bout de plusieurs campagnes, lui valut le grade de général de brigade.

Le général Simon fut aussi remis en activité. Il commandait une brigade d’infanterie dans l’armée de Masséna, lorsque, en 1810, nous envahîmes le Portugal. Au combat de Busaco, où Masséna commit la faute d’attaquer de front l’armée de lord Wellington, postée sur le haut d’une montagne d’un accès fort difficile, le pauvre général Simon, voulant faire oublier sa faute et récupérer le temps qu’il avait perdu pour son avancement, s’élance bravement, à la tête de sa brigade, franchit tous les obstacles, gravit les rochers sous une grêle de balles, enfonce la ligne anglaise et entre le premier dans les retranchements ennemis. Mais là, un coup de feu tiré à bout portant lui fracasse la mâchoire, au moment où la deuxième ligne anglaise, repoussait nos troupes, qui furent rejetées dans la vallée avec des pertes considérables. Les ennemis trouvèrent le malheureux général Simon couché dans la redoute parmi les morts et les mourants. Il n’avait presque plus figure humaine. Wellington le traita avec beaucoup d’égards, et dès qu’il fut transportable, il l’envoya en Angleterre comme prisonnier de guerre. On l’autorisa plus tard à rentrer en France ; mais son horrible blessure ne lui permettant plus de servir, l’Empereur lui donna une pension, et l’on n’entendit plus parler de lui.