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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/193

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CERTAIN DE CANROBERT.

par la suite au collège, puis à l’École militaire, dont il devint un des meilleurs élèves. Enfin, ce digne demi-frère de Marcellin de Canrobert devint officier d’infanterie et se fit bravement tuer sur le champ de bataille de Waterloo.

Mon oncle fut un des premiers émigrés qui, sous le Consulat, obtinrent l’autorisation de rentrer en France ; il recouvra quelques parcelles de son bien, et épousa une des filles de M. Niocel, ancien ami de la famille. La nouvelle Mme de Canrobert devint mère de notre bon et brave cousin Marcellin de Canrobert[1], qui s’est si souvent distingué en Afrique, où il est aujourd’hui colonel de zouaves. Combien son père eût été fier d’un tel fils ! Mais il mourut avant de pouvoir être témoin de ses succès.

M. Certain de l’Isle, second frère de ma mère, était un des plus beaux hommes de France. La Révolution le trouva lieutenant au régiment de Penthièvre, où servaient son frère aîné et plusieurs de ses oncles. Il suivit l’impulsion de presque tous ses camarades et émigra en compagnie de son plus jeune frère, M. Certain de la Coste, qui servait dans les gardes du corps du Roi. Depuis leur sortie de France, les deux frères ne se quittèrent plus. Ils se retirèrent d’abord dans le pays de Bade, mais leur tranquillité fut bientôt troublée : les armées françaises passèrent le Rhin, et comme tout émigré qui tombait en leur pouvoir était fusillé, en vertu des décrets de la Convention, force fut à mes oncles de s’enfoncer à la hâte dans l’intérieur de l’Allemagne. Le manque d’argent les obligeait à voyager à pied, ce qui accabla bientôt le pauvre la Coste. Ils éprouvaient beaucoup de difficultés pour se loger, car tout était occupé par les militaires autrichiens. La Coste tomba

  1. Aujourd’hui le maréchal Canrobert.