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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/23

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LA FAMILLE DE CERTAIN.

maisons, notamment dans celle du lieutenant général comte de Schomberg, inspecteur général de cavalerie, celui-ci ayant apprécié les mérites de mon père, le fit nommer capitaine dans son régiment de dragons (1781) et le prit pour son aide de camp (1782).

Mon grand-père venait de mourir ; mon père était encore garçon, et sa fortune ainsi que sa position (un capitaine était à cette époque, en province, un personnage de quelque importance) le mettaient en état de choisir une femme sans crainte d’être refusé.

Il existait alors, au château de Laval de Cère, situé à une lieue de celui de Larivière, qui appartenait à mon père, une famille noble, mais peu riche, nommée de Certain. Le chef de cette maison étant accablé par la goutte, ses affaires étaient dirigées par Mme de Certain, femme d’un rare mérite. Elle sortait de la famille noble de Verdal, qui, vous le savez, a la prétention de compter saint Roch parmi les parents de ses ancêtres du côté des femmes, un Verdal ayant, dit-elle, épousé une sœur de saint Roch, à Montpellier. J’ignore jusqu’à quel point cette prétention est fondée, mais il est certain qu’avant la révolution de 1789, il existait, à la porte du vieux château de Gruniac (que possède encore la famille de Verdal) un banc de pierre en très grande vénération parmi les habitants des montagnes voisines, parce que, selon la tradition, saint Roch, lorsqu’il venait passer quelque temps auprès de sa sœur, se complaisait à se placer sur ce banc, d’où l’on aperçoit la campagne, ce que l’on ne peut faire du château, espèce de forteresse des plus sombres.

M. et Mme de Certain avaient trois fils et une fille, et, selon l’usage de cette époque, ils ajoutèrent à leur nom de famille celui de quelque domaine. Ainsi, l’aîné des fils reçut le surnom de Canrobert, porté encore par son