Aller au contenu

Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
LES HOUSARDS DE BLANKENSTEIN.

par le colonel des housards de Blankenstein, vieux Hongrois des plus braves et des plus madrés, dont je regrette de n’avoir pu retenir le nom, car je l’estime beaucoup, bien qu’il m’ait fait subir une mystification fort désagréable.

À mon arrivée dans son camp, le colonel m’avait offert pour la nuit l’hospitalité dans sa baraque, et nous étions convenus de nous mettre en route au point du jour, afin de nous rendre au lieu indiqué sur les grèves du lac de Constance, entre les villes de Bregenz et de Lindau. Nous avions tout au plus trois lieues à parcourir. Je fus très étonné lorsque, vers minuit, j’entendis les officiers monter à cheval… Je m’élance hors de la baraque, et vois qu’on forme les escadrons et qu’on se prépare à partir. Les colonels des uhlans du prince Charles et des dragons de Rosenberg, placés sous les ordres du colonel des housards, mais auxquels celui-ci n’avait pas fait part de ses projets, vinrent lui demander le motif de ce départ précipité ; j’en fis autant. Alors, le vieux colonel nous répond, avec une froide hypocrisie, que le feld-maréchal Jellachich craignant que quelques quolibets lancés aux soldats autrichiens par les Français (dont il faudrait longer le camp, si l’on se rendait par la route directe à la plage de Lindau) n’amenassent des querelles entre les troupes des deux nations, Jellachich, d’accord avec le maréchal Augereau, avait ordonné aux troupes autrichiennes de faire un long circuit sur la droite, afin de tourner le camp français et la ville de Bregenz, pour ne pas rencontrer nos soldats. Il ajouta que le trajet étant beaucoup plus long et les chemins difficiles, les chefs des deux armées avaient avancé le départ de quelques heures, et qu’il s’étonnait que je n’en eusse pas été prévenu ; mais que probablement la lettre qu’on m’avait adressée à ce sujet avait été retenue aux