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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/253

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MARCHE SUR VIENNE

occupait déjà Ulm, lorsque Napoléon, passant le Danube, à Donauwerth, s’empara d’Augsbourg et de Munich.

L’armée française, ainsi placée sur les derrières de Mack, coupait les communications entre les Autrichiens et les Russes, dont on savait que les premières colonnes étaient déjà à Vienne et s’avançaient à marches forcées. Le feld-maréchal Mack, reconnaissant alors, mais trop tard, la faute qu’il avait commise en se laissant enfermer par les troupes françaises dans un cercle dont la place d’Ulm était le centre, essaya d’en sortir ; mais, successivement battu dans les combats de Wertingen, de Günzbourg, et surtout à celui d’Elchingen, où le maréchal Ney se couvrit de gloire, Mack, de plus en plus resserré, fut contraint de se renfermer dans Ulm avec son armée, moins les corps de l’archiduc Ferdinand et de Jellachich qui parvinrent à s’échapper, le premier vers la Bohême, l’autre vers le lac de Constance. Ulm fut investi par l’Empereur. Cette place, bien qu’elle ne fût pas alors très fortifiée, pouvait néanmoins résister longtemps, grâce à sa position, ainsi qu’à sa très nombreuse garnison, et donner ainsi aux Russes le temps d’arriver à son secours. Mais le feld-maréchal Mack, passant de la jactance la plus exaltée au découragement le plus complet, mit bas les armes devant Napoléon, qui avait, en trois semaines, dispersé, pris ou détruit 80,000 Autrichiens, et délivré la Bavière, dans laquelle il ramena l’Électeur. Nous verrons, en 1813, celui-ci reconnaître un tel bienfait par la plus odieuse trahison.

Maître de la Bavière, débarrassé de l’armée de Mack, l’Empereur accéléra sa marche sur Vienne, en longeant la rive droite du Danube. Il s’empare de Passau, puis de Linz, où il apprend que 50,000 Russes, commandés par le général Koutousoff, renforcés par 40,000 Autrichiens, que le général Kienmayer est parvenu à réunir,